Le
cerveau d'un enfant est immature et la colère n'est que
l'expression d'un « deuil » amplifié par cette
immaturité. C'est ce que l'adulte nomme "des caprices".
Et bien non, les colères de votre enfant ne sont pas des caprices.
C'est ce qui lui permet d'exprimer un besoin non entendu, de
fixer ses propres limites, d'accepter la frustration, de se
défendre. Des colères non entendues par l'adulte peuvent façonner
chez l'enfant l'idée qu'il dérange, qu'il ne mérite pas
d'être aimé, écouté ou aidé, qu'il ne sait pas se défendre
face aux abus.
Comment
y faire face ? Le punir lorsqu'il se met en colère ?
Non. Et vous allez vite comprendre ce que je vais vous dire. Lorsque
vous punissez un enfant en pleine crise de colère, vous instaurez un
rapport de force avec lui, c'est le plus fort qui l'emporte. Au
fur et à mesure de son évolution, il va prendre ce schéma comme
exemple et développer une certaine violence (physique ou verbale)
lorsqu'il sera face à un conflit. C'est ce que vous lui aurez
appris, sans le vouloir. Il est évident que pour la majorité d'entre
nous, c'est ce que nous avons appris également sans nous en rendre
compte. Et aujourd'hui, même si l'on ne tape pas ses collègues
de boulot à chaque réunion, il est très naturel de tenter de
parler plus fort pour être entendu et avoir le dernier mot lors d'un
désaccord sur un dossier. Que faire pour mon enfant ?
C'est
là qu'il faut puiser au fond de vous de la patience et de
l'empathie. Pas facile lorsque la fatigue est là, évidemment,
mais vous gagnerez du temps de conflit, et ça c'est plutôt
positif. Pour vous encourager à adopter ce comportement, qui vous demandera certains jours un effort considérable, dites-vous que l'enfant se sent assez en sécurité pour relâcher les tensions et libérer son expression émotionnelle avec vous et que, par conséquent, vous êtes une de ses principales figures d'attachement (je consacrerais également un article aux liens d'attachement prochainement).
II est possible d'exprimer la colère sans porter atteinte
à l'intégrité des autres, sans se mettre en danger, sans mettre
en danger les autres, sans agresser les autres. Selon le degré de
colère vous pouvez proposer à l'enfant de sortir de la pièce,
prendre de grandes respirations, exprimer ce qui se passe au fond de
lui en criant ou dessinant ou en déchirant du papier ou avec des
mots, en jetant des cailloux dans le sac à colère, lui donner 1
minute, pas une seconde de plus pas une seconde de moins, pour dire
des gros mots, proposez-lui un coussin de colère qu'il peut
frapper, jeter ou mordre selon son envie. Proposez-lui quelque chose qui lui
permet de libérer sa colère. Ensuite, lorsqu'il a terminé et que
vous sentez que le calme revient, posez des mots sur ce qui vient de
se passer, dites-lui que vous avez bien entendu et vu sa colère "j'ai vu que cela t'as mis en colère […]". Mettre
des mots sur la raison de la colère en se montrant empathique "[…] toi tu aurais préféré être assis à côté de papa". Selon
son âge, l'enfant aura besoin de parler à son tour ou tout simplement d'un gros câlin (libération de l'ocytocine, hormone du bien-être). Lorsqu'il ne s'agit pas de vos propres enfants et que vous souhaitez lettre une distance, un regard attentif, empathique et tendre est déjà un bon commencement.
Mais
quand il a fait une bêtise et qu'il se met en colère parce que je
le gronde ? Quand il a tapé son frère lors de sa colère ?
(Dans un prochain article, je vous développerais les comportements
inappropriés des enfants pour se faire entendre comme faire une
bêtise ou taper un autre enfant). Il
est évident qu'il ne faut pas hésiter à redéfinir le cadre, à
manifester votre désaccord lorsque le calme et le lien sont revenus.
« Je ne suis pas d'accord pour que tu tape ton frère, ni les
autres enfants, il y a ton coussin de la colère si tu veux te
défouler » « moi, ça me met en colère lorsque tu tape
ton frère, il y a d'autres façons de montrer que tu es énervé ». Il faut toujours lui proposer une autre alternative. Puis, invitez-le à réparer. N'attendez pas
forcément de votre enfant qu'il dise "pardon" ou "je m'excuse", ce n'est pas nécessaire et ça n'a pas beaucoup de sens pour lui. Il peut
s'excuser avec ses mots à lui « je ne voulais pas te taper
mais tu m'as mis très en colère » ou un câlin spontané,
laissez votre enfant "s'excuser", donc réparer, comme il le souhaite. S'il a cassé
un objet, invité le à ramasser les "dégâts" avec
vous.